Je roule sans me soucier d’une quelconque destination. Je roule pour échapper à la pluie. Au froid. A la tristesse de mon appartement. Je roule pour ne pas être une de ces femmes qui s’enferme à double tour chez elle et se saoule en regardant la télévision. Une de ces femmes qui s’oublie devant la télévision. Qui n’existe plus dans le regard des autres. Qui n’existe plus pour elle même. Je me laisse emplir par la sensation de rouler. Je ne pense plus à rien et je suis bien. KATHARINA (dans KATHARINA)

jeudi 23 décembre 2010

Journal, épisode 4

Jour 6 - Salle Caecilia
Gilles Tschudi, Céline Bolomey
Deux jours que je ne suis pas venu en répétitions. Deux jours pour prendre un peu de distance. Deux jours pour les laisser travailler en toute liberté. Quiétude. Sans qu'ils aient à se demander. Mais que va-t-il penser de ce que nous faisons de son texte ? Honnêtement, je m'en moque de ce qu'ils feront de MON texte ou plutôt ce que je leur demande, c'est d'être radical dans son traitement. D'aller jusqu'au bout de leurs intuitions. Qu'Anne aille au bout de ses intuitions. De ce qui la remue. Touche. Questionne. Que je sois ou non d'accord avec le résultat, importe peu. Le texte ne m'appartient déjà plus. Il est hors de moi. Je ne suis là que pour apporter quelques précisions sur le texte ou des changements. Pas comme censeur de leur travail. De leur imaginaire.
La première partie de la journée est consacrée aux scènes dans le commissariat avec le commissaire Beizmenne, son adjointe Pletzer et Katharina. Anne essaie de se dissocier de tout le décorum habituel des scènes d'interrogatoire. Elle ne travaille pas sur un plan réaliste. Les regards ne se croisent pas. Les mouvements sont géométriques. Il y a déjà des choses très belles. De vrais moments de grâce. Le texte qui se développe. Qui s'inscrit dans le corps des comédiens devient plus fort. Nous sommes loin du cinéma et de son pseudo-réalisme. Je suis touché par la douceur qu'amène, par moments, Julie dans le rôle de Pletzer. Il y a quelque chose pour moi de très juste. La douceur est une force. Du moins, c'est ce que je pense. Elle ouvre un espace de proximité et d'échanges. Comment faire comprendre que les scènes ne sont que des instantanés très délimités de tout l'interrogatoire de Katharina (qui dure plusieurs heures) ? C'est une des questions qu'ils auront à répondre.
Ensuite, ils reviennent sur la scène tchékovienne avec une première proposition de mise en place dans le décor. Quel est l'axe de la scène ? Que dit-elle ? Sur nous ? Sur la société ? Sur notre refus d'affronter ce qui nous fait peur ? Nous déplait ? Comme le dit, Anne-Marie, tout est encore trop éclaté. Patience. Patience.
Note : Évidemment ma chronologie dans ce Journal ne prend en compte que les jours où je travaille sur Katharina.
Anne Bisang, Coraline Clément, Anne-Marie Delbart, Jean-Louis Johannides, Julien George et le mannequin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire