Je roule sans me soucier d’une quelconque destination. Je roule pour échapper à la pluie. Au froid. A la tristesse de mon appartement. Je roule pour ne pas être une de ces femmes qui s’enferme à double tour chez elle et se saoule en regardant la télévision. Une de ces femmes qui s’oublie devant la télévision. Qui n’existe plus dans le regard des autres. Qui n’existe plus pour elle même. Je me laisse emplir par la sensation de rouler. Je ne pense plus à rien et je suis bien. KATHARINA (dans KATHARINA)

samedi 18 décembre 2010

Journal, épisode 2

Jour 4 - Salle Caecilia
J'arrive en retard. L'équipe a entamé la fin de l'étude du texte sans moi. Ils en sont trois scènes avant la fin. La scène que je qualifie de familiale ou tchékovienne. Cette appellation de tchékovienne est bien trouvée. Il fait très froid dans la salle. Nous pourrions être dans un de ces vieux théâtres délabrés de l'ancienne union soviétique. La plupart des comédiens ont gardés leurs manteaux, leurs écharpes et pour certains leurs bonnets. Nous buvons tous du thé ou du café pour nous réchauffer. Une discussion autour du personnage de Konrad, probablement le personnage pour lequel j'ai le plus d'affection, nous conduit à parler de livres pour enfants par la grâce d'une comparaison entre Konrad et un certain Monsieur Patate. Il y a un peu de déconcentration dans l'air. Des rires fusent. Il nous faut du temps avant de retrouver le chemin du texte.
Stephanie Janin nous fait un exposé sur l'évolution du concept d'honneur à travers l'histoire. C'est très intéressant. Pour ma part, c'est une notion que je manie avec des pincettes. Contrairement à Böll, je n'utilise le mot qu'une seule fois dans la pièce et je l'ai complètement évacué du titre. Il y a quelque chose, pour moi, de complètement archaïque dans la défense de son honneur. Il faudrait que je prenne plus de temps pour réfléchir précisément à la question.
Nous finissons enfin la lecture du texte. Après une petite pause, les comédiens montent sur le plateau de la salle Caecilia. Anne leur demande d'improviser sur le premier monologue de l'auteur. Par moment, le texte sonne très juste. Mais le plus souvent, il se cherche encore. Anne reprend le travail et donne des consignes plus précises. Le début, à mon sens, commence très très bien. Après ça se dilue encore. C'est assez difficile pour moi. Je dois mettre de côté le fait que je ne suis pas seulement auteur mais aussi metteur en scène. J'ai des intuitions sur la manière de traiter ce texte. Rien de très concret. Juste des pistes. Je dois apprendre à me taire. Laisser le bébé grandir sans moi comme on dit. Je m'occupe de trier les photos que j'ai prise tout en suivant le travail d'une oreille. Il faut vraiment qu'on décide avec Anne les moments où je viens. Enfin je crois.


Jour 5 - Mon bureau
Je suis seul face au texte. Je le relis. Je le corrige sur mon ordinateur. Je décide de pratiquer encore à quelques nouveaux changements. Toujours essentiellement des coupes. Que le texte ne dise pas tout surtout. Qu'il laisse de la place aux comédiens. Aux lumières. A la vidéo. Au son. Nous sommes le 18 décembre. Ce sera donc la version du 18 décembre après celle d'octobre 2010. 
Coraline Clément, Julien George, Julie Cloux

Jean-Louis Johannides
Anne Bisang
 

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