Je roule sans me soucier d’une quelconque destination. Je roule pour échapper à la pluie. Au froid. A la tristesse de mon appartement. Je roule pour ne pas être une de ces femmes qui s’enferme à double tour chez elle et se saoule en regardant la télévision. Une de ces femmes qui s’oublie devant la télévision. Qui n’existe plus dans le regard des autres. Qui n’existe plus pour elle même. Je me laisse emplir par la sensation de rouler. Je ne pense plus à rien et je suis bien. KATHARINA (dans KATHARINA)

mercredi 19 janvier 2011

La parole de ceux qui nous ont précédés, 1

Il y a toujours un moment où nous pensons réussir à être pleinement exigeant avec nous-même, à travailler sans relâche, à garder notre attention. Puis peu à peu, les choses finissent par se déliter et nous perdons le contact avec ce qui nous semblait important. C'est ce qui m'est arrivé ces derniers jours. J'ai moins soigné mon implication sur ce blog. Ma parole, c'est distendue. De cette errance, j'ai fait quelque chose. J'ai enfin lu les extraits de Il faut que le théâtre passe à travers les larmes de Klaus Michael Grüber que nous a confié Anne-Marie. Anne-Marie en plus d'être une actrice est une pédagogue. C'est la raison pour laquelle elle nous a donnés plusieurs textes en lien avec Katharina dont celui de Grüber. Grüber est probablement un des plus grands metteurs en scène du 20ième siècle. Il n'avait pas la réputation d'être une personne facile. J'ai vu pourtant le portrait d'un homme profondément humain dans ce livre qui regroupe certains de ses propos. Autre chose encore avec Grüber, un de mes plus grands regrets de théâtre est de ne pas avoir vu sa mise en scène de Splendid's de Jean Genêt.

Extraits :

Le metteur en scène, c'est quelqu'un qui élimine la peur des acteurs - ils sont pleins de peur - mais une fois la peur levée, ils deviennent tellement beaux... il faut beaucoup de chaleur pour lever cette peur. Comme j'ai la chance d'être un homme tellement faible, ils savent que je ne triche pas.

Conseils aux acteurs

Ayez toujours et encore le courage de vous dire que rien ne s'est passé avant et qu'il ne se passe rien après. Tout toujours dans l'instant, inventer la scène à nouveau.

Ce qui me dérange, c'est lorsque tu téléphones. C'est-à-dire que tu annonces à l'avance que tu arrives. Tout ce qui est préparé s'annihile. 

On ne parvient aux limites de la folie qu'en pensant avec clarté.

De façon générale, prendre garde à la déconcentration des yeux, des pupilles, c'est à cela qu'on la ressent d'abord.

Ne pas faire comme si nous étions originaux.

Ne pas s'installer, élaborer - ne pas composer !
Ne pas penser en parlant.
Ne pas réfléchir au milieu de la phrase.
Toujours connaître la phrase avant, puis la dire sans artifices.
Faire l'expérience de la parole, non celle de la phrase.

Les phrases parlent pour elles-mêmes, vous n'avez pas besoin de les soutenir. Au moment où philosophie, psychologie ont droit de cité dans la pensée, cela devient ennuyeux.

Mordre dans les mots de façon hyperconcrète !

Plus la phrase est concise, plus elle résonne.

Il n'y a pas de règles pour les silences.
N'ayez pas peur du rien, vous ne devez pas faire du remplissage !
Ce qui arrive arrive...

Il n'y a rien derrière les rôles. Mon rêve et mon souhait se situent au-delà de toute interprétation. Confusion totale, totale nouveauté.

J'ai souvent le sentiment qu'il serait plus juste d'écouter la pièce, de la lire, que de la monter.



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